L’avenir demande du courage


Les technologies pour une économie propres sont là, il suffit de les utiliser. Mais le courage politique manque pour créer les conditions-cadre appropriées. Il faut de bons exemples – et une association comme swisscleantech qui défend les intérêts du futur. C’est ce qu’a montré l’événement de printemps de l’association.

La grande salle de l’Hôtel National était comble lorsque s’est déroulé l’événement de printemps de swisscleantech sur le thème «Plus de courage pour protéger le climat» mercredi dernier. Parmi les participants, il y avait plus de jeunes que d’habitude lors d’événements similaires d’associations économiques – mais il s’agit de leur futur. Or la Suisse qui avait été autrefois un pays pionnier avec l’électrification des chemins de fer et une production d’électricité propre avec la force hydraulique est bien mal préparée pour l’avenir. «La Suisse n’est plus pionnière», a déclaré Christian Zeyer, directeur de swisscleantech, dans son introduction. Au 25rang pour les énergies renouvelables en Europe, au dernier rang pour l’intensité COdes voitures neuves, proportion la plus élevée de bâtiments chauffés avec des combustibles fossiles – le pays s’est reposé sur ses lauriers du passé.

Les conditions d’une économie propre sont pourtant réunies. «La technologie est là pour amener le changement», a affirmé Carsten Bopp, CEO du Tessiner Pini Group et président fraîchement élu de swisscleantech. Il ne faut plus remettre le tournant énergétique à plus tard, pas plus que le tournant de la mobilité. Les propos de Hans Gut, CEO de MAN Energy Solutions à Zurich, sont similaires. «Nous avons suffisamment d’énergies renouvelables, sans devoir accepter une baisse de la qualité de vie.» Brûler du pétrole et du gaz n’est pas non plus la bonne solution. A l’automne, avec une douzaine d’autres chefs d’entreprise suisses, Gut a donc invité dans une lettre les responsables politiques à adopter une loi sur le COefficace – en vain, comme nous l’avons vu.

Pour Tiana Angelina Moser, le rejet de l’objectif national par la majorité UDC-PLR au Conseil national fut aussi «un moment de frustration». Mais le système politique favorise les représentants des intérêts qui veulent empêcher les changements, estime la conseillère nationale vert’libérale de Zurich. C’est justement pour cela que nous avons besoin de swisscleantech, a objecté Roger Nordmann. «Il y a trop de représentants des intérêts du système en place» a indiqué le conseiller national PS du canton de Vaud et membre du Comité directeur de swisscleantech. «En ce sens, swisscleantech est le représentant des intérêts du futur.»

Pour Antoinette Hunziker-Ebneter, cette propension à reculer qu’on a observée avec le rejet de l’objectif national est aussi largement répandue parmi les dirigeants d’entreprise en Suisse. «Il y a parfois simplement un manque de courage» a déclaré la créatrice et cheffe de Forma Futura Invest AG. «Pour beaucoup, vu le niveau élevé de richesse, il s’agit uniquement de préserver les acquis.» C’est la raison pour laquelle il faut montrer des exemples de succès de l’économie durable et établir un dialogue institutionnalisé entre la politique et l’économie.

Pour Carsten Bopp, c’est là qu’intervient swisscleantech. L’association est une plate-forme permettant la formation de l’opinion. «Nous voulons créer un leadership thématique» explique le nouveau président de l’association. Mais pour peser plus en politique, il faut plus d’adhérents. Bopp a placé la barre très haut : le nombre d’adhérents de l’association devrait passer de 260 aujourd’hui à 1000. Le potentiel est là, Florian Etter, président du conseil d’administration de Elektro Etter AG et vice-président de swisscleantech, en est convaincu. «swisscleantech est la seule association économique travaillant avec l’ensemble des branches qui défend le développement durable.»

 

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