Ce n’est pas la Conférence de Glasgow qui est désastreuse, mais la politique climatique des pays participants qui est insuffisante. L’organisation Climate Action Tracker démontre que pratiquement aucune nation au monde ne dispose d’une politique climatique conforme à l’Accord de Paris sur le climat. La Suisse ne fait guère mieux: En votant contre la loi sur le CO2, elle fait au contraire partie des rares pays qui ne peuvent pas présenter de plans contraignants pour atteindre leurs objectifs en matière de politique climatique.
Les reproches adressés à la Chine et à l'Inde sont hypocrites pour deux raisons: tout d’abord, notre prospérité à nous, pays industrialisés, repose également en grande partie sur les matières premières fossiles – une position peu enviable pour montrer du doigt les autres qui se situent encore bien en-deçà de ce niveau de prospérité.
Ensuite, du fait de notre consommation nationale, nous sommes aussi à l’origine des émissions de la Chine et de l’Inde. En effet, nos biens de consommation dans les pays où nos biens sont produits génèrent environ deux fois plus d’émissions que celles que nous produisons en Suisse. Le fait que nous nous engagions en même temps à faire progresser le commerce des certificats climatiques afin de réduire les émissions en Suisse frise donc l’hypocrisie.
Bien sûr, il faut reconnaître à la Suisse qu’elle s’engage activement pour que ce commerce se fasse au moins selon des règles transparentes. Malgré tout, l’objectif de compenser une part importante des émissions suisses à l’étranger n’est que l’expression d’une prise de conscience encore trop faible de l’ampleur de la crise climatique au sein de la population suisse. Comment les officiels suisses peuvent-ils adopter une position plus ambitieuse lors des négociations s’ils n’ont pas le soutien de l’électorat chez eux? Le positionnement suisse n’est donc pas si différent de celui de la Chine, de l’Inde, de la Russie ou de l’Arabie saoudite. Tous le savent: une politique climatique ambitieuse est un exercice périlleux à court terme, dans lequel ils ne veulent pas se lancer. Ce faisant, ils perdent de vue que le gain économique à long terme est important et que la voie vers un avenir éco-compatible est sans alternative.
En fin de compte, la Conférence sur le climat de Glasgow confirme surtout une chose: la solidarité mondiale, souvent réclamée, fait encore défaut aujourd’hui – bien que nous sachions que tout le monde est dans le même bateau. Il reste donc a fortiori deux moyens pour faire face à la crise climatique: Des réductions ambitieuses des émissions de CO2 dans son propre pays et le développement de la coopération internationale. Ainsi, la déclaration commune de la Chine et des États-Unis en faveur d’une plus grande coopération sur la protection du climat constitue au moins une lueur d’espoir.