C’est avec plaisir que nous repensons au Oui à la loi sur la protection du climat de l’été dernier, lorsque la Suisse a inscrit l’objectif zéro net d’ici 2050 dans la loi – une première mondiale. La conférence de l’ONU sur le climat de Dubaï à la fin 2023 ou les délibérations décevantes sur la loi sur le CO2 d’ici 2030 en mars 2024 ont montré une fois de plus qu’en matière de politique climatique, il est bien plus facile de se mettre d’accord sur un objectif que sur les mesures à prendre. Les politiques, en Suisse comme dans le reste du monde, continuent de manquer d’ambition s’agissant des mesures qui permettraient d’atteindre zéro net en temps voulu.
Un bilan politique positif – mais il y a encore beaucoup à faire
« De plus en plus d’entreprises considèrent que la mise en œuvre de l’objectif zéro net ainsi qu’une politique climatique ambitieuse offrent de nombreuses opportunités économiques. Le nombre de nos adhérents a plus que triplé ces dernières années – des entreprises de toutes les branches, leaders de leur secteur, travaillent avec nous. Ces entreprises doivent être mieux entendues par les responsables politiques. » C’est par ces mots que Fabian Etter, co-président de swisscleantech, a ouvert l’événement annuel. Depuis le Oui à la loi sur la protection du climat, les conditions-cadre politiques sont devenues plus difficiles au niveau des mesures, notamment à cause des délibérations décevantes sur la loi sur le CO2, mais également parce que les priorités ont changé au Parlement après les élections d’octobre 2023. Après l’acceptation de la loi sur l’électricité à une large majorité le 9 juin, swisscleantech tire tout de même un bilan positif des 12 derniers mois.
Six recommandations pour agir à l’adresse des responsables économiques et politiques
Le fait que les politiques, malgré des crises manifestes et des objectifs ambitieux, manquent d’énergie pour mettre des mesures en œuvre, a constitué le point de départ de l’intervention de Maren Urner (professeure, neuroscientifique et autrice). Elle a opposé à des stratégies de pouvoir et des modes de pensée politiques dépassés un nouveau modèle de pensée « dynamique » qui nous fait passer de la simple réflexion à la résolution des problèmes. Christian Zeyer (co-directeur de swisscleantech) a pris la balle au bond et formulé six recommandations pour agir à l’adresse des responsables économiques et politiques suisses :
- Le CO2 a besoin d’un juste prix
Ce prix est nettement plus élevé que le prix actuel et nécessite une meilleure redistribution, surtout plus transparente, afin d’être mieux accepté par la population.
- Équilibre entre la protection et l’utilisation de la biodiversité
Le rapport entre l’utilisation de surfaces pour la production d’énergie et la protection de la biodiversité doit être optimal.
- Permettre une mobilité sans CO2
De meilleures conditions-cadre pour développer les bornes de recharge sont la clé de la mobilité décarbonée. La simplification de l’accès aux bornes de recharge domestiques pour les locataires et les propriétaires par étage, adoptée récemment par le Conseil national, est un pas important dans la bonne direction.
- Des conditions plus attractives pour l’élimination du CO2
C’est essentiel pour atteindre notre objectif zéro net. Les entreprises, qui sont des précurseurs et investissent dès maintenant, contribuent à un changement d’échelle de cette industrie.
- Modèles économiques circulaires
À l’avenir, un grand nombre de modèles économiques seront circulaires. Pour garantir la sécurité de planification et d’investissement, une mise en œuvre rapide de la révision de la loi sur la protection de l’environnement est nécessaire.
- Chaînes d’approvisionnement durables
Pour des chaînes d’approvisionnement durables, il faut des normes relatives à l’empreinte carbone des produits et un secteur public qui montre la voie en matière d’achats.
Atteindre l’objectif zéro net grâce à des coopérations
Neuf sessions par petits groupes ont permis, à l’aide d’exemples pratiques, d’approfondir l’importance des coopérations comme levier pour atteindre zéro net. Les solutions pouvant être apportées sur différents dossiers prioritaires de swisscleantech, notamment les stratégies climatiques des entreprises, l’économie circulaire, la biodiversité ou l’élimination du CO2, ont été discutées. Les conclusions de nombreuses sessions allaient dans le même sens : des partenariats non conventionnels, des alliances transpartisanes et des coopérations entre l’économie, la science, la politique et les ONG accéléreront de manière décisive la réalisation de l’objectif zéro net.
Trois projets pionniers d’adhérents de swisscleantech ont montré concrètement à quoi doit ressembler ce type de partenariats en Suisse : les partenariats intersectoriels de Zürcher Kantonalbank & neustark pour l’élimination du CO2, de V-ZUG & Thommen Group dans le domaine de l’économie circulaire ou de Green et Energie 360° sur la question de l’utilisation des rejets de chaleur ont montré clairement que l’économie emprunte de nouvelles voies innovantes en matière de décarbonation. S’en tenir aux modèles de pensée anciens, souvent linéaires, ne suffira pas si la Suisse veut atteindre l’objectif zéro net en temps voulu.
Sans un approvisionnement en électricité sûr, pas de décarbonation
À la fin de l’événement, le conseiller fédéral Albert Rösti a bien résumé la situation; swisscleantech pense également qu’en plus de coopérations larges et innovantes, d’une amélioration des conditions-cadre réglementaires et d’incitations appropriées, il faut aussi beaucoup plus d’électricité renouvelable en Suisse pour que la décarbonation de l’économie et de la société puisse progresser. Le Oui à la loi sur l’électricité a été une étape essentielle.