La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga pense que l’avenir appartient aux énergies renouvelables. Mais il faut maintenant accentuer nos efforts, a dit la ministre de l’environnement et de l’énergie à l’événement d’été de swisscleantech à la Haute école technique de Rapperswil. «L’heure de l’énergie solaire est arrivée. Si déjà les toits bien adaptés étaient utilisés pour le photovoltaïque, ils pourraient produire deux fois plus d’électricité que toutes les centrales nucléaires suisses réunies.» Mais il faut aussi investir dans l’hydraulique et l’éolien. Cela accroît la sécurité de l’approvisionnement, profite à l’environnement et renforce les entreprises. «Les milliards de francs que nous versons aux États pétroliers, nous devrions les investir ici.» Il n’est plus temps de discuter de la bonne politique énergétique et climatique; les mots doivent maintenant être suivis d’actes. «C’est la raison pour laquelle je suis heureuse d’être venue à l’événement organisé par swisscleantech» a déclaré Madame Sommaruga devant plusieurs centaines de participants à l’événement. «Vous êtes ceux dans le pays qui savent comme on doit faire. Je compte donc sur vous.»
Christian Zeyer avait au préalable rappelé le rôle central des politiques. Les subventions publiques ont été déterminantes pour la réussite des énergies renouvelables, a indiqué le directeur de swisscleantech dans son intervention. Les prix du photovoltaïque ont ainsi baissé de 100 dollars par watt en 1976 à 0,287 dollar en 2018 parce que la loi allemande sur l’injection de 1990 a favorisé l’installation d’équipements photovoltaïques. Le nombre des installations augmentant, leur prix unitaire a baissé. «Une activité devient rentable lorsque le marché est important. Mais pénétrer le marché n’est possible que s’il existe une rentabilité», a expliqué Christian Zeyer. «C’est là qu’on a besoin des politiques.»
On sait exactement ce qu’il faut faire, d’après Christian Zeyer. Dans une publication datant de l’automne dernier «La voie vers un avenir respectueux du climat», swisscleantech a présenté 12 étapes. Cela va de l’efficacité des bâtiments et du chauffage sans CO2aux énergies renouvelables, au stockage de l’énergie et à l’économie circulaire en passant par la mobilité durable et la flexibilité du travail. «C’est ainsi que l’on pourra stopper le changement climatique» indique Zeyer. «C’est le moment». Dans un premier temps, les conseillers aux États sont invités à élaborer une loi sur le CO2adaptée avec des objectifs clairs de réduction du CO2. Ensuite, le marché de l’électricité devra être organisé de telle sorte qu’il reflète les coûts. Enfin, il faudra aussi une tarification de la mobilité dans laquelle tous les coûts devront être intégrés.
Henrik Nordborg a montré clairement l’urgence d’une politique climatique efficace. «Nous ne sommes pas près d’être sur la trajectoire menant à l’objectif des 2 degrés fixé par Paris», a déclaré le professeur et chef de la filière d’étude Energies renouvelables et techniques environnementales à la Haute école de Rapperswil. Pourquoi? Parce que les besoins globaux en énergie croissent plus rapidement que les énergies renouvelables. La croissance de l’économie n’est pas encore découplée de la croissance des émissions de CO2. Les conditions sont réunies: les prix du photovoltaïque et de l’éolien ont baissé, les deux sont complémentaires. Il existe aussi maintenant de multiples possibilités de stockage, par exemple le stockage chimique, ce qu’on appelle le Power-to-X, la Haute école de Rapperswil a engagé des recherches dans ce domaine. Mais cela ne suffit pas d’avoir les bonnes technologies. Les connaissances sur le changement climatique datent en effet déjà de quatre décennies. Mais, partant de ces connaissances, ni les responsables politiques ni les scientifiques n’en ont tiré la conclusion qu’ils devaient aussi agir.
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Avant la réunion, les adhérents de swisscleantech ont pu visiter quatre installations de démonstration sur le site de la Haute école. Ces installations pourraient jouer un rôle essentiel pour l’avenir énergétique de la Suisse.
Installation power-to-gas: transformation et stockage de l’électricité renouvelable
Le power-to-gas est un procédé permettant de transformer de l’énergie électrique renouvelable et du CO2recyclé en énergie chimique sous forme de gaz. Grâce à cette technologie, on peut stocker durablement l’électricité excédentaire de l’été jusqu’en hiver sous forme de méthane. Le gaz renouvelable qui est produit peut être injecté dans les infrastructures gazières existantes et être utilisé pour la mobilité renouvelable ou bien pour produire de la chaleur et de l’électricité en hiver. Cette technologie présente un inconvénient, les pertes importantes liées au processus de transformation ; le rendement de la transformation d’électricité en gaz renouvelable est actuellement d’environ 55 %. L’objectif de l’installation de démonstration de l’HSR est d’augmenter ce rendement à 70 % par des innovations.
Mobilité du futur : véhicules électrique, à hydrogène et au méthane
La mobilité du futur sera propulsée par l’énergie renouvelable : l’une des possibilités est l’électromobilité avec de l’électricité provenant de batteries ou bien produite directement dans la voiture, dans une pile à combustible avec de l’hydrogène. Les moteurs à combustion alimentés en biogaz ou en gaz provenant d’une installation power-to-gas sont une autre solution. Celle-ci peut être mise en œuvre dès maintenant et permet de parcourir de grandes distances, tant pour les voitures de tourisme que pour les poids-lourds. A l’avenir, ces différentes technologies se complèteront et forgeront ensemble la mobilité du futur.
Energie solaire
La Stratégie énergétique 2050 mise sur l’hydraulique mais également sur l’énergie solaire, pilier important de l’alimentation en chaleur et en électricité des bâtiments et de l’industrie. L’Institut für Solartechnik est un institut de contrôle accrédité pour contrôler la qualité et les performances des composants solaires. Dans le laboratoire en plein air installé sur le toit d’un des bâtiments du campus, on teste de nombreux composants solaires et l’on évalue l’état de la technique et les toutes dernières technologies de production de chaleur solaire et d’électricité solaire.
Traitement de l’eau
La fourniture d’eau potable satisfaisant à des normes d’hygiène dans des lieux isolés ou dans certains pays en développement représente un défi technologique majeur. La technologie membranaire fonctionnant par gravité (ultrafiltration) représente une solution qui, combinée avec le photovoltaïque, permet d’augmenter l’efficacité et ouvre des champs d’application intéressants.
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Intervention du professeur Henrik Nordborg, Haute école technique de Rapperswil (PDF)
Intervention de Christian Zeyer, swisscleantech (PDF)
Photos: © Michael Buholzer
Vidéo Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga sur swisscleantech