Sécurité de l’approvisionnement : nécessité de développer les énergies renouvelables


La sécurité de l’approvisionnement nous concerne tous. La Suisse a besoin d’un certain niveau d’auto-approvisionnement. Importer de l’électricité de l’étranger ne suffit pas.

La question de la poursuite du développement des énergies renouvelables est une course contre la montre. En théorie, avec la dégradation des capacités de production actuelles et les augmentations de prix qui s’ensuivraient, le marché serait tout à fait en mesure d’assurer la construction de capacités supplémentaires. Cela impliquerait que le prix du CO2 en Europe atteigne un niveau suffisant et que des prix de pénurie soient autorisés. Mais que se passerait-il si l’une ou l’autre des conditions n’était pas remplie ? Parviendrait-on dans ces conditions à baisser suffisamment rapidement les émissions de CO2 générées par l’approvisionnement en électricité ?

Si cela n’était pas possible, les coûts externes que cela entraînerait seraient alors importants – à l’échelle de l’Europe, une large part des émissions de CO2 provient de la production d’électricité. En Allemagne par exemple, plus d’un tiers des émissions de GES sont générées par le parc de centrales électriques. L’Accord de Paris sur le climat ne sera pas respecté si l’offre d’énergie renouvelable n’est pas considérablement renforcée ; dans le même temps, la demande induite par la consommation d’électricité pour les transports et le chauffage va en effet croître. Sur le plan macroéconomique, il convient d’encourager le développement des énergies renouvelables par des dispositifs appropriés. Il existe en effet beaucoup de marchés à coût marginal zéro, et ils ont en général besoin de systèmes d’aide. Pourquoi cela ne s’appliquerait-il pas au marché de l’électricité ? Quotas et mises aux enchères doivent être étudiés. En même temps, les « effets d’aubaine » doivent être réduits au minimum.

La question du développement des énergies renouvelables se pose avec une acuité particulière en Suisse. Avec les encouragements actuels, il y a eu deux fois moins de constructions de grandes installations photovoltaïques ces dernières années. Aujourd’hui, il se construit surtout des petites installations, mais leur coût de production est nettement supérieur à celui des grandes installations. Il n’y a quasiment pas de construction d’éoliennes – le manque de rentabilité et la complexité des procédures d’autorisation constituant en effet des point noirs. Aucune installation éolienne ne pourra se construire en Suisse s’il n’y a pas des aides à l’investissement. Concernant l’hydraulique, il semble que lorsque la RPC sera venue à échéance, on ne construira plus de nouvelles installations. Cette situation pourrait nous empêcher d’atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050, prévus pour 2030. D’un point de vue purement économique, on pourrait miser sur la construction de capacités à l’étranger et les importations. Mais c’est un pari sur l’avenir. swisscleantech pense que lorsque la rétribution à prix coûtant du courant injecté prendra fin, un modèle alternatif, plus proche du marché, devra être mis en place.

(Cet article rend compte des conclusions de la session de formation continue organisée le 23 octobre par swisscleantech et Swisspower. Swissolar et Suisse-Eole étaient également partenaires de l’événement.)